« Coliseum » de Thomas Bronnec : le loft de la politique

Le Loft version Thomas Bronnec. Quatre politiciens réunis dans le même bocal, 24h sur 24h pendant trois jours sous les yeux intrusifs de dizaines de caméras sans état d’âme. Bienvenue dans Coliseum, le dernier roman décapant de l’écrivain français. Dans ce genre d’histoire, il faut toujours un cocktail de rage, d’ambition et de fric. Voire de sexe. C’est exactement ce que possède Noémie Lorentz, directrice de la société de production Ladybirds. Une killeuse dans son genre. Elle va devenir la cheffe d’orchestre d’une nouvelle forme de scrutin pour élire le futur président de la République. Ainsi en a décidé le camp de la majorité qui traverse une grosse crise existentielle et s’imagine la résoudre par un artifice paillette tendance télé-réalité. Le candidat sera choisi au terme d’une émission intitulée, « The One ». Parité oblige, il y aura deux femmes et deux hommes. Muriel Brey, Nadia Sadaoui, Yann Privat et enfin Nathan Calendreau. Ce dernier occupe une place particulière dans l’espace mental de Noémie. Il fut son amant.

Alors que l’émission se met en place et que l’on suit pas à pas les mouvements, pensées et erreurs des cobayes/candidats, un serial killer se balade dans la nature. À dix jours d’écart, deux meurtres, deux hommes, avec le prénom d’une femme et la date à laquelle elle a été tuée, inscrit sur une feuille gentiment déposée sur leur poitrine. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Bizarrement, en juillet neuf femmes sont mortes puis cinq le mois suivant. Silence radio. Mais ces deux hommes et ces messages sibyllins alertent les autorités. L’affaire prend très vite un tour politique. Il semblerait que quelqu’un réclame vengeance pour des victimes féminines. Une fois n’est pas coutume.

Dans son précédent roman, Thomas Bronnec avait imaginé une sorte de dictature écologique à faire frémir. Cette fois encore, sa diabolique imagination a accouché d’un scénario d’enfer. Réduire un candidat à la présidentielle en un vulgaire produit jetable sélectionné sur un plateau télé. Du pur marketing. L’ascenseur émotionnel est au rendez-vous. On s’émeut, on s’indigne, on traverse les épreuves des candidats en même temps qu’eux, on respire ou pas. C’est atrocement réussi. Thomas Bronnec est le meilleur des producteurs de shows politiques littéraires de ces dernières années.

Coliseum de Thomas Bronnec, Éditions Gallimard Série Noire, 272 pages, 18,50 Euros.

 

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