« Les Loups de Tanger » de Jacques de Saint Victor : la véritable histoire de la French Connection

On connaît tous la mafia. Celle d’Italie qui a émigré aux États-Unis puis est revenue et repartie. Mais la mafia corse, cela vous parle ? Jacques de Saint Victor nous livre un roman qui nous dit tout et comment la petite île de beauté a tenu la dragée haute à un empire criminel redouté de tous. Passionnant.

Au printemps 1953, Tanger représente la ville hype par excellence. La jet set internationale y a posé ses malles Vuitton. « C’était un port franc, et ce statut spécial y attirait beaucoup de monde, notamment une faune de riches et de trafiquants qui avait pris racine à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un monde endormi depuis six siècles ». Mais les mauvais garçons ne sont jamais loin. Le port, la mer et la contrebande. Les trafiquants affluent comme des guêpes sur un pot de miel. Les noms sont jetés d’emblée comme si de rien n’était. Winston Churchill,  Barbara Hutton, Alexandre de Marenches ou encore Lucky Luciano, le boss de la mafia new yorkaise. Rien que ça. Tous les malfrats veulent croquer de ce trafic de cigarettes américaines. Des cigarettes, vraiment ? En réalité, une substance bien plus lucrative. Un genre de trafic les plus ignobles et qui perdure encore aujourd’hui.

Theo a étudié le droit et planche désormais sur un mémoire traitant de la piraterie et de la baraterie sous l’angle de de l’histoire du droit. La rencontre avec Max, grand reporter emblématique de son temps, va bousculer sa thèse. Pour ne pas dire sa vie. Il rejoint le journaliste à Tanger. Un acte de piraterie un peu curieux a eu lieu, au large de Gibraltar. « Des hommes en cagoules vertes armés jusqu’aux dents s’en étaient pris au Combinatie, un cargo transportant une très grosse quantité de cigarettes ». Max qui renifle tout de suite une embrouille et un scoop, embarque l’étudiant dans une sacrée aventure où l’on apprend que la French Connexion n’est pas une création américaine mais bel et bien une opération Made in France. Que les voyous de l’époque, les frères Guérini, Francisci ou Jo Renucci, se sont livrés à la plus féroce des vendettas. Que certains avaient des appuis politiques dans tout l’appareil d’État, jusque très haut placés. Et que la vie d’un journaliste ne vaut plus rien, lorsque l’argent des puissants comme celui de la pègre est menacé.

Patrick de Saint Victor est historien, notamment spécialiste des mafias. Il apporte à son roman de solides connaissances tirées de sources inédites qui nourrissent la fiction de manière réaliste. Le loup est entré dans la bergerie. Et jusqu’à preuve du contraire, il n’en est toujours pas sorti.

« Les Loups de Tanger » de Jacques de Saint Victor, Éditions Calmann-Lévy, 456 pages, 21.90 euros.

 

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