Jubilatoire, le dernier roman de Pascale Dietrich. Son héros s’appelle Anthony Barreau. Il dégaine toujours avec un Magnum mais il habite les beaux quartiers de Paris, l’assurance selon lui d’une relative sécurité. « Les rares contrôles policiers étaient toujours courtois et il ne risquait pas de croiser des tueurs dans la queue à la boulangerie ». Lorsque ce n’est pas lui qui dégomme, il délègue aux meilleures dans la partie. Il a une fiche pour chacun de ses « employés ». Prenez Ghost Dog par exemple, il est méthodique, précis et possède une grande expérience. Sans compter le nombre de contrats qu’il a à son actif : 35 mecs rétamés proprement. Un gars sur qui on peut compter. Mais Anthony a une nouvelle recrue dans le viseur. Alba Ferrari, championne d’Europe de biathlon 2023. Précision chirurgicale, endurance et excellente gestion du stress. Problème : encore aucun cadavre au compteur. Anthony est un businessman, il n’aime pas les prises de risques non calculées. Il laisse tomber la championne. Pour le moment. Seulement voilà, la machine s’emballe. Le domaine de la mort sur contrat n’échappe pas à la sous-traitance. Sissoko Samaké ne peut s’acquitter du job, Alba a été recommandée. Tope là pour 80 000 euros. Négociations trop faciles, elle aurait dû demander plus. Mais bon, Anthony verra qu’elle n’est pas une sportive au rebus (elle a eu un accident qui a stoppé net sa carrière), qu’elle a un savoir-faire hors du commun et fort utile dans sa petite entreprise. Et que d’autres l’ont bien compris.
Comment une mamie de 75 ans en cavale va-t-elle se retrouver dans ce bourbier à tueurs à gages en roue libre ? Par la magie de la romancière qui nous déroule une intrigue survoltée où la star des sicarios et la vieille dame, qui veut échapper au placement en Ehpad, vont cohabiter à Vierzons, dans un camping déserté en plein hiver. Rien de bien sérieux dans ce roman, et c’est exactement ce qui en fait le sel. Sans compter que finalement, ce pourvoyeur de meurtriers Anthony Barreau se révèle avoir un joli petit cœur tout battant pour une vieille dame, pas si indigne que ça. Jubilatoire, je vous dis.
« L’Agent » de Pascale Dietrich, Éditions Liana Levi, 208 pages, 20 euros.