Chez Morgan Audic, personne ne meurt à Longyearbyen 

La nature a le vent en poupe parmi les nouveautés polars de ce mois de septembre 2023. Si certains auteurs placent leur action dans des contrées tropicales, Morgan Audic, quant à lui, a préféré situer son intrigue là où il fait un froid polaire. Dans l’Archipel du Svalbard, à Longyearbyen, la dernière ville avant le pôle Nord. De quoi claquer des dents autant de peur que de froid.

 Jusqu’ici Lottie veillait à ce que la cohabitation des hommes avec les ours se déroulent calmement. Plus relaxant que son poste à la brigade criminelle d’Oslo qu’elle avait envoyé balader deux ans auparavant. Si ce n’est qu’elle a quelques bagages comme de sérieuses crises d’angoisse qui entravent méchamment son travail et son bien-être. Le corps d’une jeune femme, Agneta Sorensen, 26 ans, docteur en biologie arctique, est retrouvé gisant sur la glace, apparemment griffé, mordu par un ours. Non loin de là, un autre cadavre, celui d’un cachalot d’une quarantaine de tonnes pas vraiment en meilleur état. Comme bouffé par un ours également. Une blessure sur l’animal intrigue la flic Lottie. Sa forme circulaire dans la peau indique qu’il pourrait bien s’agir d’une balle. Et qui n’est pas loin du lieu de double meurtre : les Russes.

Une ville fantôme qui s’appelle Pyramiden. Une splendeur de l’ère soviétique désormais à l’abandon.  Si le mystère est ainsi facilement installé par le romancier Morgan Audric, le contexte géopolitique est tout aussi gentiment expliqué. Il faut remonter à la Première Guerre mondial lorsque la Norvège obtient la souveraineté de cet archipel. Et stipule que tous les pays signataires peuvent tirer profit des ressources du lieu. Seule la Russie avait utilisé cette clause pour exploiter deux gisements de charbon. Mais en 1998, tout s’était arrêté. La nouvelle Russie n’avait pas eu les moyens de la garder en activité. Un hôtel avait été gardé, histoire d’empêcher la Norvège de revendiquer le territoire. Aller chatouiller les moustaches russes n’était pas quelque chose que les forces du coin aimaient particulièrement se coltiner.

Triste timing. Asa Hagen qui avait ouvert une agence d’excursion en mer, le Nordland Safari, gît désormais à la morgue. Selon le médecin légiste, c’est un suicide. Nils Madsen, reporter de guerre, ex-boyfriend et compagnon de route dans la presse, est plutôt sceptique. Ils ne s’étaient pas vus depuis six ans mais il lui semblait bizarre qu’après avoir couverts toutes les zones de guerre de la planète, elle finisse ainsi dans un décor qu’elle avait pourtant choisi et aimé. La mécanique du roman est lancée. Deux histoires parallèles sur fond de saloperie humaine, cette espèce pas très rare qui ne recule devant rien pour s’enrichir coûte que coûte. On est au confluent des intérêts divergents. Ceux qui veulent sauver la nature et ceux qui veulent en tirer parti au maximum quitte à dézinguer les gêneurs qui se trouvent sur leur route. Rondement mené et efficace.

« Personne ne meurt à Longyearbyen » par Morgan Audic, Éditions Albin Michel, 374 pages, 21.90 euros.

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