« Étincelles rebelles » de Macodou Attolodé : au cœur de la Casamance

“Étincelles Rebelles” est un premier roman dont l’action se situe au Sénégal, le pays d’origine de l’auteur. Macodou Attolodé est arrivé en France après son bac. Un pied dedans, un pied dehors comme on dit souvent. Un avantage certain lorsque l’objectif est de raconter l’histoire d’un conflit que peu de gens connaissent : celui du gouvernement sénégalais et des indépendantistes de la Casamance.

Tout commence par un succès. Le commissaire Gabriel Latyr Faye, membre de la Division des enquêtes criminelles (DEC), la crème de la police nationale, regarde avec gourmandise son prisonnier Ibrahim Diallo, surnommé l’italien, qui est enfin sous les verrous après deux longues années d’infiltration du jeune Latyr. Ce dernier n’a guère le temps de se réjouir. Non seulement son trophée est libéré, mais lui est envoyé au fin fond de la Casamance en guise de récompense. En étant au passage rétrogradé. De quoi déprimer sévère.

Mais pas Latyr. Il garde un petit côté bon élève qui le pousse à tirer parti de n’importe quelle épreuve. Le voilà donc dans une région de son propre pays qu’il ne connaît quasiment pas. Trente années de conflit entre les forces armées de Dakar et les rebelles, défenseurs d’une Casamance libre, ont ravagé le territoire. La paix y est récente et fragile. De drôles de contrats tacites ont été passés entre les rebelles, et ce que l’on appelle chasseurs. Ces derniers, avec à leur tête, Elinkine et ses frères, ont passé un pacte avec le diable, en acceptant de prendre en charge la livraison de tous les produits de contrebande, qui arrivent en général par la mer. Le moyen, selon eux, de garantir la sécurité de Niafrang, le village des chasseurs. “Une zone bordée à l’ouest par la mer et au nord par la Gambie et était devenue depuis quelques temps le théâtre de différents trafics qui constituaient une source importante de revenus pour la rébellion”. Mais cet équilibre précaire et peu orthodoxe est en train de basculer parce que l’enjeu de bien des convoitises, allant au-delà des limites territoriales nationales. Les narcotrafiquants d’Amérique latine toujours en quête de plus de profits ont besoin de l’Europe pour leurs nouveaux débouchés. Passer par cette partie de l’Afrique de l’Ouest leur semble vital.

Dans ses rêves les plus fous, Latyr n’aurait jamais imaginé que son histoire de trafiquant libéré allait le rattraper. Avec l’aide d’une journaliste pugnace et de ses nouveaux amis, les chasseurs hors la loi, il va se battre contre la corruption endémique de son pays. Et réussir par là même à regagner honneur et fierté. Raconté parfois de façon naïve, le roman de Macodou Attolodé est une jolie introduction pour les néophytes à ce qui se passe dans cette partie du monde où les prédateurs de tout poil et en embuscade attendent de faire main-basse sur toutes les richesses locales.

« Étincelles Rebelles », de Macodou Attolodé, Éditions Gallimard, Série Noire, 369 pages, 19 euros.

 

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