Alan Parks est une valeur sûre. Son cinquième roman « Joli mois de mai » ne déçoit pas. Le romancier écossais ne se lasse pas de sa ville de Glasgow, il la décline au fil des mois de l’année. Comme un repère, un phare dans la nuit noire. Une vieille connaissance qui nous tient la main et qui nous guide. Avec ses personnages fétiches toujours sur le qui-vive, l’inspecteur Harry McCoy, son chef, Murray et son ami d’enfance, le redoutable Cooper. Ils sont tous là pour un voyage de quelques jours à la fin d’un épouvantable mois de mai.
Nous sommes en 1974. Un incendie a ravagé un salon de coiffure. Cinq morts dont trois femmes et deux enfants. La foule crie vengeance. “ Pendez-les ”, scandent les habitants du coin. “ Retour à la peine de mort.” L’indignation est à son comble. Un appel anonyme au commissariat balance. Trois jeunes dans un appartement de Roystonhill sont dénoncés. L’un d’eux avait encore de l’essence dans la poche de son pantalon quand la police vient les cueillir. McCoy sort tout juste de l’hôpital. Son estomac lui fait de grosses misères. Du lait et plus une goutte d’alcool, voilà l’ordonnance du médecin. Du repos aussi. Pas du goût du bonhomme. Quatre semaines alitées ont bien failli le faire mourir d’ennui. Il est sorti, pressé, de se remettre au travail. Alors il est là, une bouteille de Pepsi-Bismol dans sa poche, à portée de main. Il observe le fourgon qui emmène les incendiaires. La suite relève d’une évasion ou d’un enlèvement. McCoy ne sait même pas comment qualifier ce à quoi il vient d’assister.
Commence une chasse à l’homme à grande échelle. Il faut que la police retrouve les incendiaires. Mais la pègre les prend de vitesse. Deux d’entre eux sont retrouvés horriblement mutilés. L’enquête part dans tous les sens, quel est la caïd assez dingue pour avoir commanditer un tel massacre ? McCoy a l’impression de se noyer. Il doit en outre tenter de retrouver Paul, le fils de Cooper, son ami d’enfance. Non pas que ce dernier ait une fibre paternelle très développée mais c’est son seul enfant. En parallèle, un autre meurtre, celui d’une jeune fille. Un vieux vendeur de porno est retrouvé mort au – bas d’un immeuble. Il aurait sauté. Cela fait beaucoup de morts en peu de temps, sur l’échelle de la cité écossaise Que vient donc faire le jeune Paul dans cette équation ? Est-ce que tout est lié ? Et es autorités, elles servent à quoi. McCoy laisse tomber son régime sans alcool, son estomac le torture. Ce n’est pas le moment d’être raisonnable.
Glasgow demeure un personnage à part entière dans l’œuvre du romancier écossais. Méchante et accueillante, ségrégée entre riches et pauvres. Partagée entre forces de l’ordre et voyous. Ces derniers se font des fortunes sur le dos des miséreux. Et dans ce maelstrom de violence, des hommes tentent encore de faire respecter la loi. Peut-être que juin sera plus calme.
« Joli mois de mai » de Alan Parks, traduit de l’Anglais (Écosse) par Olivier Deparis, 432 pages, euros.