« Au fin fond de décembre » : le blues de Patrick Conrad

Pas d’étude de mœurs pour Patrick Conrad qui situe son action en 1996. « Au fin fond de décembre » met en musique tous les codes du roman noir. Il y a un ex-inspecteur, Theo Wolf qui s’est vengé du meurtre et viol de sa fille en se faisant justice lui-même. Cela lui a valu quatre années en prison et il vient tout juste de sortir. Il a trouvé un petit boulot d’exterminateur de rats. Mais inspecteur d’un jour, inspecteur toujours. Alors qu’il dératise à tout va, il tombe sur le cadavre d’une femme, sac en plastique sur la tête, dans ce qui semble avoir été un studio de cinéma porno. Il décide d’enquêter. Ce sera la dernière fois, il le sait. De fil en aiguille, il remonte jusqu’au New Star Trek, un night-club un peu pourri qu’il a connu par le passé. Il retrouve même des figures de cette vie-là. Le soir, il rentre chez lui, épuisé, mais quand sa voisine qu’il épargne pourtant peu, vient le chercher pour dîner ensemble, il délaisse sa solitude et partage celle de Martha. On sent chez l’auteur un penchant pour ceux dont la vie ne s’est pas montrée tendre. Une galerie de portraits de gens cabossés et un inspecteur fasciné par le corps en décomposition qu’il a trouvé et qu’il ne veut plus lâcher. Le romancier aime la nuit interlope d’Anvers et les crimes qui s’y dissimulent. On est dans le vrai Noir. L’auteur méconnu en France occupe pourtant une place importante de la scène artistique belge. Poète, romancier mais aussi scénariste. Qui irait glisser le nom de Hayden Sterling, acteur d’Hollywood et auteur d’un roman génialissime (Voyage chez Rivages) au détour d’une phrase si ce n’est un connaisseur du 7ème art.

« Au fin fond de décembre » de Patrick Conrad, Éditions Actes Sud/Actes Noirs, 288 pages, 22.50 euros

 

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