«Riley s’attaque au Vatican» : un voleur qui garde la foi

C’est le voleur le plus sympathique du moment. Riley Wolfe a un sens de l’humour en téflon et un flegme assez British. Il lui en faut une sacrée dose parce qu’il a le chic pour attirer tous les bad guys de la planète. Avec néanmoins une propension à retomber sur ses pattes comme un chat qui saute du 3ème étage. Dans la morosité ambiante, la désinvolture du gentleman cambrioleur est aussi rafraîchissante qu’une Pina colada à déguster au bord de la piscine. Roman à ne pas hésiter à mettre dans sa valise avant les premières vacances.

Jeff Lindsay n’est pas n’importe qui. Il est le créateur de la célèbre série Dexter, le serial killer le moins antipathique du petit écran qui démontrait déjà que l’auteur avait une grosse tendance à ne pas se prendre au sérieux. « Riley s’attaque au Vatican » est du même tonneau. Tempo de circuit de formule Un, critique à peine sous-jacente des hommes en soutane, suivis de près par les nantis et les agences gouvernementales.  » Quand vous faîtes un boulot comme le mien, un très gros pourcentage de mes ennemis étaient des flics. Rien de plus normal. Mais pas que. » C’est du moins ce que se dit Riley quand, après avoir fauché un magnifique œuf Fabergé en Russie, il se réveille dans la cale du bateau qui devait l’emmener loin très loin des terres russes. Qui peut bien lui en vouloir à ce point ? Un narcos, un marchand d’armes ? Après tout, dans le palmarès des vrais méchants, les deux tiennent la corde. Mais Patrick Boniface est au-dessus du lot. Il fait même flipper les autres trafiquants d’armes. C’est dire. Grand collectionneur qui globalement peut tout se payer et possède un degré de patience proche de zéro, le gars a une petite idée derrière la tête pour sa nouvelle acquisition. Un truc de ouf. Même Riley, le meilleur dans sa discipline, sait que l’entreprise est vouée à l’échec. Dérober une fresque sur un mur. Et pas n’importe quel mur. Celle de La Délivrance de Saint Pierre de Raphaël, au cœur du Vatican. Vingt-deux mille visiteurs par jour. Un détail pour Boniface en pleine crise de foi.

L’ordre de mission est donc très clair. Un autre personnage vient se mêler à ce plan de dingue. Bailey Stone, encore un marchand d’armes. Le sombre individu a une dent contre Boniface. Il veut sa place donc sa peau. Riley est coincé entre la peste et le choléra. Il embarque dans ce projet fou Monique, la faussaire la plus habile au monde. Disons qu’il lui force plutôt la main. Son argument est choc et garanti  » je l’ai prouvé mille fois » : il y a toujours un moyen. Et celui-là possède les traits d’une femme, la professeure Sabharwal, une scientifique hors pair. Qui travaille sur l’absorption des solutions à base de polymètres par les surfaces semi-poreuses. Moyennant un chèque stratosphérique, elle devrait être la clé du verrou. Mais comme si cela ne suffisait pas, le pauvre Riley n’a pas que les tueurs sur le dos. Il a aussi l’agent Frank Delgado du FBI qui le piste depuis longtemps. Et la traque de Riley figure d’ailleurs dans la liste de ses priorités. Mais Riley, c’est une paroi lisse de mur d’escalade, sans aspérité. Seule point faible, sa maman, qu’il change de clinique régulièrement. Une aiguille dans une meule de foin et qui fait perdre beaucoup de temps à ses poursuivants. En attendant, Riley a deux certitudes et ce n’est pas faute de tenter de le faire comprendre à cette tête de mule de Boniface : « On ne peut pas voler un putain de mur au putain de Vatican… et dans la vie, il y a toujours un moyen. »  Lequel ? Lisez le polar et vous saurez.

« Riley s’attaque au Vatican », de Jeff Lindsay, traduit de l’Anglais (États-Unis) par Julie Sinbony, Série Noire/Gallimard, 480 pages, 22 euros.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.