« Les Bouchères », de véritables bandidas au cœur de la campagne française. Résolument féministes hardcore, ces dames manient le couteau de boucher comme d’autres émincent les légumes avec la même méticulosité. Sous des dehors festifs, Sophie Demange nous raconte une histoire de grandes filles qui ont un truc à dire à ces messieurs. « Arrêtez de nous les casser, sinon gare à vous ».
Anne a 22 ans quand elle reprend la boucherie du papa, mystérieusement disparu. Pendant son CAP, elle avait fait connaissance de Stacey et ses faux ongles. Une amitié était née. Elle s’en est souvenue et a repris contact avec la jeune femme. Son plan ? Monter une boucherie mais avec un concept genré, un truc de meufs de A à Z. Les gens du quartier hallucinent. Le jour de l’inauguration, ils découvrent un magasin qui ressemble davantage à une galerie d’art. Les bouchères, elles-mêmes, s’affichent « toutes mignonnes derrière leur billot central type industriel, en tablier de cuir marron et chemisier vichy rose ». Boudin, saucisson ou jambon revus et corrigés par les deux intrépides.
L’aventure fonctionne un moment. Elles en profitent pour embaucher une troisième pétrolette qui détonne tout autant dans le paysage local : Michèle a la peau noire. De quoi en déstabiliser plus d’un. Mais sous ces dehors charmants, ces demoiselles trimballent quelques bagages. La relation d’Anne avec son père paraît bien compliquée. Stacey est cabossée, famille d’accueil, et petit copain abusif. Michèle, elle, cache aussi quelque chose. La cocotte-minute s’emballe.
Parce que bientôt, ce ne sont plus des morceaux de barbaque à déguster que l’on découpe, mais des hommes en chair et en os. Finie la dictature masculine, les filles ont décidé de prendre leur destin en main. Des messieurs disparaissent, les voisins s’interrogent puis s’inquiètent. Les jeux sont faits, rien ne va plus. Le roman de Sophie Demange affiche un petit côté pulp façon rumsteck. Saignant comme il faut. Idéal pour les amateurs de viande rouge.
« Les Bouchères » de Sophie Demange, Éditions l’Iconoclaste, 320 pages, 20.90 euros.